#Critique – Effacer l’historique | Διαγραφή ιστορικού – Benoît Delépine, Gustave Kervern

Par Victor Carrier

Effacer l’historique, « déconnectons-nous des technologies mais mes amis, restons connectés. »

 « Effacer l’historique » est un film français réalisé par Benoît Delépine et Gustave Kervern, sorti dans les salles en août 2020, il a été produit par la société « Les films du Worso, No Money Productions ». Cette comédie est interprétée principalement par Blanche Gardin, Denis Podalydès et Corinne Masiero.

Les personnages

La première scène plante le décor, un petit lotissement modeste, que l’on devine facilement situé dans le Nord de la France où habitent les trois personnages qui sont voisins. 

Marie (Blanche Gardin) n’a jamais travaillé, seule depuis son divorce, sa situation financière ne lui permet pas d’avoir plus qu’un droit de visite avec son fils adolescent. Elle essaie pour s’en sortir de vendre tout ce qui est possible dans sa maison. Seule et dépressive, la bière ou le whisky l’accompagnent pour tenter de noyer sa tristesse. Marie s’invente une autre réalité notamment par rapport à son fils, en faisant croire qu’il habite avec elle. Elle lui rend parfois visite en pleine nuit chez son père pour lui dire qu’elle l’aime. Elle subit sa vie, se montre résignée et accepte son triste sort. Un soir, elle rencontre un homme dans un bar avec qui elle a une relation sexuelle. Ce dernier la menace et lui demande la somme de 10.000 euros pour supprimer la sextape qu’il a faite.

Christine (Corinne Masiero) travaille comme chauffeuse mais malgré les efforts qu’elle fait pour satisfaire ses clients, elle ne reçoit jamais plus qu’une étoile dans ses notations. Christine a un caractère dynamique et son passé de « Gilet Jaune » la montre plus déterminée à trouver une solution pour lutter contre cette injustice.

Bertrand (Denis Podalydès) vit seul avec sa fille adolescente. Sa femme étant décédée, il accumule emprunt sur emprunt pour pouvoir vivre. Sa relation avec sa fille semble inexistante mais à travers cette présence avec le minimum d’échanges, on ressent de l’attention et de la tendresse. Il est prêt à tout pour sauver l’honneur de sa fille, victime de harcèlement à l’école et dont une vidéo a été diffusée sur Facebook. Il entreprendra d’écrire des lettres à Facebook pour retirer la vidéo. Bertrand tombera aussi sous le charme de Miranda, une hôtesse d’un centre d’appel qui lui propose d’acheter une véranda. Avec de l’amour et du rêve plein les yeux, Bertrand reprendra confiance en lui et en la vie.

Ce groupe d’amis forme un trio qui, malgré les moments de désespoir et les problèmes souvent insurmontables qui apparaissent, partagent la joie d’être ensemble et de se soutenir les uns les autres. 

Effacer l’historique | Bande-annonce

Ce film contient beaucoup de clichés qui sont traités souvent avec une dose importante d’absurdité et d’exagération. La thématique tourne autour des comportements et de l’incompréhension de la génération des personnages, issus d’un milieu social assez modeste, face à des nouvelles technologies dont le fonctionnement et l’utilisation peuvent être compliqués. Alors qu’il s’avère difficile pour eux d’être « connectés », leur relation nous montre à quel point leur connexion humaine est forte.

L’absurde et l’exagération qui renforcent le côté comédie du film sont très clairs dans les passages suivants : lorsque Marie cherche sa sextape dans le cloud où tout serait répertorié sous l’étiquette « sextape des Hauts-de-France » et essaie en vain de connecter sa clé USB ; au moment où Christine va rencontrer « Dieu » le hacker qui travaille dans une éolienne loin du monde, dans le ciel… Bertrand, jusqu’au dernier moment, crédule, pense rencontrer Miranda au centre d’appel. Marie se laisse embarquer par un homme aux États-Unis, elle se réveille et se rend compte qu’elle a encore probablement été victime d’abus. Elle se résigne, accepte sa fatalité et ne peut prononcer que des onomatopées, répétées sans cesse par son traducteur électronique.

« Avec rien tout est plus simple, tout est plus clair »: la scène finale est symbolique. Bertrand Marie et Christine communiquent en utilisant un coquillage et un « yaourtophone ». Une belle déconnection !

Ce film est un bon divertissement et on ne rate pas une occasion de rire même si parfois on ressent beaucoup d’empathie face à la naïveté souvent exagérée des personnages. Leur camaraderie dans le partage de leurs aventures leur permet de garder espoir, de s’entraider et d’avancer. Cette naïveté, jouée de façon théâtrale, peut même apporter une touche de malaise, ce qui colle parfaitement à la peau des acteurs. L’ignorance des personnages envers les technologies nous amène à nous attacher à eux et à les défendre. Au travers de ce film, nous captons facilement des instants de vie simple, joyeuse dans un monde qui décrit un combat symbolique contre les GAFAM et contre le manque de connaissances des gens au sujet des nouvelles technologies.


Disponible du 6 au 14 avril 2021.
Sous-titres disponibles : Grec, Anglais

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